Shazam !
Dans mes vingt-quatre mètres, un trou pourri,
Le déambulateur stoppe net à l’abri,
Je chancelle, m’accroche aux murs, aux chambranles,
Un roi vacillant sur ses terres branlantes
Pas de saleté, les fées veillent au grain,
Trois fois par semaine, elles tendent la main,
Mais ce désordre fade, ce décor éteint,
Réclamait un sursaut, un éclat plus qu’atteint
Aidé par un voisin, pur hasard,
Portant le nom de mon fils, tout récent disparu,
J’ai fixé au mur, dans un geste poignant,
Un tableau, éclat d’un temps révolu.
Mes pas hésitants, mes doigts maladroits,
Ont sculpté ce chaos en un doux exploit,
Ce trou pourri d’hier, par mon seul défi,
S’est mué en trou cosy, mon art le dit
Je m’y tiens, fier, titubant mais ravi,
Sous les traits tordus d’un maître assouvi,
Ironie du sort, quel drôle de trophée,
D’avoir tout changé, à bout de poignées !
Et si demain, ça penche ou s’effondre,
Je sourirai, appuyé, dans cette ombre,
Car ce coin, mon œuvre, malgré mes chaînes,
Porte un chaos noble que Kandinsky enchaîne.